La méthode Scrum est une méthodologie de gestion de projet dite « agile ». Son utilisation implique la maîtrise d’une sémantique particulière dérivée de l’anglais. Vous vous sentez égaré au milieu des concepts de « Product Owner », de « Product Backlog », de « Scrum Master » et de « scrum meetings » ?
Ce Scrum guide est fait pour vous. Tout y est expliqué pas à pas, et en détail. Dans cinq minutes, vous saurez exactement comment se déroule un projet géré avec Scrum, et ce qui fait la spécificité de ce plan par rapport aux autres.
Sommaire
La méthode agile Scrum : définition
La méthode Scrum fait partie de la méthodologie de gestion de projet agile. Scrum est une façon de réaliser un projet, qui tend souvent à la création ou à l’amélioration d’un produit. Le Scrum valorise la participation du client de l’entreprise au projet, et l’adaptation aux besoins de l’utilisateur final.
À l’origine, le Scrum vient du monde de l’informatique. Il a été conçu pour augmenter la réactivité d’une entreprise face à des marchés aux demandes très changeantes.
Grâce à la méthodologie Scrum, le produit créé est très vite rendu fonctionnel. Il peut ainsi être testé par le client, voire par l’utilisateur final. Leurs retours permettent de calibrer la phase de développement en temps réel.
La méthodologie Scrum s’oppose aux méthodes linéaires de gestion de projets, où le produit n’est assemblé qu’à la fin de la phase de développement, développement qui s’opère en silos.
Au contraire de l’organisation classique en silos, le succès de Scrum repose d’ailleurs sur une bonne communication des membres de l’équipe entre eux. Pour y parvenir, un certain nombre de principes doivent être respectés.
Les principes essentiels & artefacts scrum
En amont, il faut déterminer les exigences qui vont le guider. Pour cela, l’agence détermine avec le client ou avec son représentant un parcours utilisateur (« épopée » ou « épic » dans le jargon du management). Retour sur quelque uns des artefacts scrum :
Des objectifs déterminés grâce aux « user stories »
Ce parcours représente le cheminement de l’utilisateur de l’acquisition du produit conçu jusqu’à son exploitation pour combler un ensemble de besoins.
Par exemple, si une agence lançait une application concurrente de AirBnB, le parcours utilisateur ressemblerait à cela :
- Téléchargement de l’application sur le Google Store ou l’App Store
- Détermination du lieu géographique de l’utilisateur et du périmètre qui lui est accessible
- Sélection d’une gamme de prix
- Sélection de certains critères comme la présence d’un ascenseur ou d’un commerce à proximité
- Contractualisation dans l’application
- Puis l’application transmet l’adresse pour que le l’utilisateur puisse récupérer les clefs de la location.
Chacune de ces étapes du parcours représente une « user story ». On formule en principe une user story sous cette forme, en tenant compte du statut particulier de l’utilisateur : « En tant que touriste, je veux pouvoir trouver des logements à louer autour de moi, dans un périmètre que je peux déterminer ». Autre exemple selon le parcours précité : « En tant que touriste, je veux pouvoir trouver des logements dans une gamme de prix qui corresponde à mon budget ».
Réfléchir en termes de user stories incite, dès le début du projet, à déterminer avec le maximum de réalisme les besoins des personnes que le produit entend viser.
Des objectifs hiérarchisés grâce à un « Product Backlog »
D’une user story, il ressort un ou des besoins auxquels le produit doit pallier avec des fonctionnalités et/ou des exigences précises. Les fonctionnalités à développer et les exigences à respecter sont consignées dans un Product Backlog.
Le Product Backlog est visible par l’ensemble de l’équipe de développement.
C’est un document textuel qui implique une hiérarchisation de son contenu. Il guidera la suite du projet en indiquant à l’équipe les tâches prioritaires à réaliser.
Une phase de développement en cycles itératifs : « les sprints »
La phase de développement est divisée en cycles itératifs appelés « sprints ». Un sprint dure entre deux et quatre semaines. Chaque sprint se focalise sur une user story.
À la fin de chaque sprint, un compte-rendu est organisé avec le client ou son représentant. C’est le « sprint meeting review ». À cette occasion, les fonctionnalités qui ont été développées pendant le sprint sont mises en démonstration. Les observations sont consignées dans le Product Backlog.
Une discussion entre l’entreprise et son client aboutit à la poursuite du développement tel quel, à repenser la user story ou à repenser le Product Backlog pour re-calibrer le développement du projet.
Principales étapes d’un sprint en scrum
Le scrum meeting
Le scrum meeting est un moment essentiel du sprint. Événement quotidien, il prend la forme d’une réunion, souvent réalisée debout en moins d’un quart d’heure. On parle aussi de « mêlée quotidienne », car c’est ce que signifie « scrum » littéralement en anglais, ce mot étant dérivé de l’univers du rugby.
Pendant le scrum meeting, chaque membre de l’équipe communique aux autres les tâches qu’il a réalisées la veille, les obstacles qu’il a rencontrés, et les tâches qu’il va réaliser dans la journée.
La mise à jour du « Burdown Chart »
Le scrum meeting est supervisé par le Scrum Master. Celui-ci s’assure que les tâches et la charge de travail sont bien réparties entre les différents membres de l’équipe.
En fonction du compte rendu des tâches réalisées la veille, il met à jour le Burndown Chart. Le Burdown Chart est un tableau dans lequel sont répertoriées les tâches en cours, les tâches à venir et celles déjà réalisées. Il permet de suivre l’avancement du sprint.
La sprint meeting review
Enfin a lieu le « sprint meeting review ». Le sprint meeting review est la réunion qui marque la fin d’un sprint. Le sprint meeting review est organisé avec le Product Owner. À cette occasion, les fonctionnalités développées sont mises en démonstration et contrôlées.
Le sprint meeting review peut être une opportunité de corriger ou de préciser la User Story sur laquelle l’équipe de développement travaille. Sinon, elle peut aussi constituer l’occasion de créer une nouvelle User Story pour continuer de faire évoluer le produit.
Le compte rendu du sprint meeting review alimente le Product Backlog en vue du redémarrage d’un nouveau sprint.
Répartition de rôles
Dans la méthodologie Scrum, on distingue trois rôles : le Product Owner, le Scrum Master et l’équipe de développement.
Le Product Owner
Le Product Owner est littéralement celui qui « détient le produit ». Ce peut-être le client lui-même, ou une personne qui le représente. Dans certains secteurs économiques, notamment dans l’IT, on trouve des professionnels dont l’expertise est de jouer le rôle du Product Owner.
Ayant une place à part entière dans la gestion d’un projet en Scrum, sa mission est notamment de faire les contrôles qualité à la fin de chaque sprint, de penser les user stories et de s’assurer que le produit se développe d’une façon harmonieuse, en suivant un parcours utilisateur cohérent.
Le Scrum Master
Le Scrum Master est employé par l’entreprise productrice. Dans la méthode Scrum, il est l’équivalent du chef de projet. Il se porte garant du respect des processus de la méthode.
Il est souvent choisi pour ses connaissances en management et pour son profil hybride, entre qualités humaines et compétences techniques.
Avec Scrum, les missions du Scrum master sont notamment les suivantes :
- Tenir à jour le Burndown Chart
- S’assurer de la bonne répartition de la charge de travail
- Organiser les scrums meetings
- Assurer la fonction de médiateur entre les parties prenantes, pour faciliter la communication et favoriser la bonne entente
- Constituer un interlocuteur privilégié pour le Product Owner. Il est en quelque sorte un lien entre ce dernier et l’équipe de développement.
L’équipe de développement
Enfin vient l’équipe de développement. Dans une gestion de projets avec Scrum, l’équipe de développement est souvent réduite à une petite dizaine de personnes, parfois moins. L’équipe est constituée de purs techniciens : leur but est de développer les fonctionnalités propres à la user story.
Pour que les projets gérés avec Scrum soient un succès, l’équipe de développement doit être capable de travailler de façon relativement autonome. Ils doivent aussi être capables de communiquer entre eux en sachant que, au contraire d’une organisation en silo, l’expertise de leurs collègues peut être assez différente de la leur.
Avantages et inconvénients
Les avantages de la méthode Scrum
L’intégration des compétences apprises en cours de développement
En principe, à force de travailler sur un même produit, l’équipe de développement apprend de ses erreurs. Elle découvre au fur et à mesure de la pratique des voies plus faciles et plus rapides à emprunter pour arriver au même objectif.
Dans une méthode linéaire de gestion de projet, la rigidité du cadre interdit de revoir la planification pour tenir compte des leçons apprises pendant le projet. Scrum valorise au contraire cette intégration des nouvelles connaissances et la rend possible grâce à sa division en cycles itératifs. Chaque nouveau sprint et chaque nouveau scrum meeting sont en effet des occasions de repenser l’organisation du travail avec cette méthode.
L’adaptation continue aux besoins du marché et à la concurrence.
Certains secteurs économiques sont connus pour être mouvants. C’est le cas de l’IT notamment, et c’est pour cette raison que Scrum y tire son origine. Grâce à l’itération d’un nouveau sprint chaque mois au maximum, Scrum permet de s’adapter à des imprévus. Parmi ces imprévus, on peut citer :
- Une innovation technologique bouleversant les besoins des utilisateurs
- Les retours d’une version testée du produit, indiquant qu’une fonctionnalité n’est en pratique pas exploitée par les utilisateurs
- L’apparition d’un nouveau concurrent.
La mobilité des ressources humaines
Outre les évolutions du marché, une entreprise peut être soumise à d’autres imprévus. On peut penser à l’arrivée d’une commande alternative plus urgente et/ou plus rémunératrice pendant le projet. Scrum, grâce à ses cycles itératifs, permet de très vite pivoter et remanier les équipes pour s’adapter aux aléas du carnet de commandes d’une société.
Les inconvénients de la méthode Scrum
Scrum a aussi ses inconvénients. Ceux-ci découlent tous d’une façon ou de l’autre du manque de visibilité à long terme induit par l’esprit agile de la méthode.
La difficulté à établir des échéances et délais
Puisque le développement d’un produit géré avec la méthode Scrum est progressif, il est difficile de prévoir une date de dernière livraison. Ce manque de visibilité peut ne pas convenir à certains clients.
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La difficulté à planifier un budget
De la même manière, il est complexe de planifier le budget total qu’on va allouer à un projet géré en Scrum. En effet, la méthode Scrum implique de se réadapter sans cesse aux imprévus que nous évoquions plus haut.
Ces variations peuvent faire varier le budget nécessaire au développement d’un produit de façon drastique. Là encore, cette imprévisibilité peut ne pas convenir à certains clients.
Le risque de développer un produit incohérent.
Enfin, Scrum se focalise comme nous le disions sur des cycles de développement courts, divisés en user stories. Cette vision micro est un avantage pour la réactivité qu’elle implique, mais emporte aussi le risque de se laisser aller à un développement anarchique. C’est pour cette raison qu’il est conseillé de s’entendre au préalable sur un parcours utilisateur global cohérent.
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