L’eXtreme Programming (XP) est un framework de développement de logiciels qui a été introduit pour la première fois au début des années 2000. Il s’agit d’une méthodologie agile qui a pour but de faciliter la création de logiciels de qualité, tout en maximisant la satisfaction des clients. XP est basé sur des règles et des principes clairs, ainsi que sur des pratiques concrètes qui sont facilement applicables dans un environnement de développement de logiciels. Les pratiques clés incluent le pair programming, la planification à l’aide de planning poker, l’intégration continue, la responsabilité partagée du code et le maintien d’un rythme de travail soutenable. Explications.
Sommaire
L’eXtreme Programming (XP) : de quoi s’agit-il ?
L’eXtreme Programming : définition
Comme d’autres frameworks agiles, l’eXtreme programming (XP) préconise d’établir une collaboration rapprochée entre les développeurs et le client. Cela doit permettre aux premiers de mieux déterminer les exigences du second. Objectif principal : que le logiciel conçu soit développé par des étapes incrémentales. Cette pratique est censée maximiser l’adaptation du livrable aux besoins réels du client, et donc sa satisfaction est la valeur produite. Quant aux tests, ils sont intégrés tout au long du processus de développement pour garantir la qualité du code.
L’origine de cette méthode Agile
La méthode eXtreme Programming a été développée par Kent Beck au début des années 1990. Il travaillait alors sur le projet C3, un logiciel de paie à l’attention du constructeur de voitures Chrysler. Kent Beck a commencé à tester cette nouvelle approche agile, qui se concentrait en particulier sur la collaboration en équipe et sur l’amélioration continue. Il a publié son livre intitulé « Extreme Programming Explained: Embrace Change » en 1999, formalisant ainsi les grands principes de cette méthode.
Depuis, l’eXtreme Programming est devenu l’un des plus célèbres frameworks agiles utilisés pour le développement de logiciels. Il est même considéré comme l’un des premiers frameworks agiles à avoir été formalisé. Il est souvent comparé à la méthode Scrum, ce dernier en étant inspiré.
Quand se servir du XP ?
L’eXtreme Programming est une méthode de gestion qui peut être utilisée dans de nombreuses situations. Il trouve notamment sa place dans les projets complexes. En effet, l’approche itérative qui découle de ce framework facilite la gestion des incertitudes et les changements d’exigence côté client. En outre, l’eXtreme Programming est adapté aux équipes interdisciplinaires de petite taille. Il facilite en effet la collaboration de membres aux compétences très variées. Il est aussi idéal pour composer avec des deadlines courtes. Son approche par tests intégrés successifs et par planification adaptative permet en effet de livrer des produits de qualité rapidement.
Toutefois, il est important de noter que l’eXtreme Programming n’est pas le meilleur des frameworks pour tous les projets de développement. Il peut être plus difficile à mettre en œuvre dans des environnements rigides ou dans des équipes qui ne sont pas disposées à travailler de manière agile. Il peut également ne pas être approprié aux projets qui nécessitent une planification rigoureuse et le respect d’une documentation détaillée à chaque étape. Comme toujours, le choix d’un framework en début de projet doit dépendre des besoins du moment et des capacités de l’équipe impliquée.
Focus sur le système de l’eXtreme Programming (XP)
Comme avec Scrum, un projet eXtreme Programming se divise en plusieurs cycles itératifs de développement. Chaque cycle dure une à trois semaines, démarre par une planification, et donne lieu à une série de tests puis finalement à une intégration. En outre, tout projet eXtreme Programming doit être encadré par cinq règles élémentaires et cinq principes, tous garants de l’efficacité du framework.
les 5 principes de cette méthode Agile
1- La communication
Dans un projet eXtreme Programming, les membres de l’équipe sont incités à communiquer de façon fréquente et efficace. Un tel effort de communication assure à toutes les parties impliquées de comprendre les objectifs du projet, les exigences du client ainsi que les étapes du processus de développement.
Une bonne communication doit aussi prévenir les malentendus qui peuvent naître durant la phase de développement. Enfin, le maintien d’une bonne communication doit soutenir la motivation de l’équipe tout au long du projet, en permettant à chacun d’apporter des idées nouvelles.
2- les feedbacks
Demander des feedbacks réguliers est aussi considéré comme un principe clef de la méthode eXtreme Programming, car les feedbacks sont un moyen d’améliorer la qualité du livrable développé. Plus précisément, les feedbacks permettent aux développeurs de s’adapter en temps réel, en tenant compte des besoins concrets du client et des avis qu’il porte sur le livrable en cours de conception.
3- Le courage
Quant au courage, il est aussi vu comme une valeur clé, car nécessaire pour prendre des décisions difficiles et faire face aux défis inhérents aux projets de programmation. Dans un projet eXtreme Programming, les équipes doivent en effet composer avec des délais serrés, des exigences changeantes et parfois sur des problèmes complexes tout en s’assurant de collaborer de façon optimale. Parce que l’eXtreme Programming se veut être une méthode très adaptative, plaçant les exigences du client au centre du projet, les développeurs doivent par ailleurs être prêts à revenir plusieurs fois sur des semaines de travail.
4- Le respect
Le respect mutuel est un principe qui garantit à tous les membres de l’équipe de se sentir valorisés et appréciés pour leur travail. L’installation d’un cadre sain a, en fait, des bénéfices directs sur la productivité et la motivation, raison pour laquelle c’est un enjeu crucial.
En outre, le respect fluidifie la communication dans une équipe, ce qui renvoie au principe numéro 1. Une équipe qui communique correctement est une équipe capable de résoudre des problèmes complexes et de s’adapter rapidement aux obstacles qu’elle rencontre.
5- La simplicité
Enfin, en eXtreme Programming, les membres de l’équipe de développement sont incités à travailler de façon simple, en privilégiant les solutions les plus évidentes aux problèmes posés par le projet. En outre, le principe de simplicité doit aussi être appliqué au code lui-même. Un code simple est en effet un code limpide, facile à lire et à comprendre. En ce sens, le principe de simplicité permet de faciliter l’amélioration continue et les processus de maintenance tout au long du projet, et même après le déploiement.
Sur ses principes cardinaux, l’eXtreme Programming se rapproche donc grandement du Scrum. Les 5 principes énoncés ci-dessus doivent in fine permettre de livrer des produits de qualité, rapidement et à coût d’investissement minimal.
Les 5 règles de l’eXtreme Programming
Les principes évoqués en partie précédente constituent la composante philosophique de l’eXtreme Programming. Pour leur part, les cinq règles du framework guident sa mise en pratique. La coïncidence des règles et des principes institués par les concepteurs d’eXtreme Programming favorise la réussite la gestion de projet.
1- La planification
Comme avec tout autre framework agile, un projet eXtreme Programming démarre par quelques étapes de planification. Ces étapes consistent à établir les objectifs et les exigences du projet, à déterminer les ressources nécessaires et à élaborer un plan d’action.
Plus précisément, c’est durant la planification projet que les user stories fournies par le client sont passées en revue et étudiées. Leur bonne qualité est impérative pour que le framework XP soit applicable au cours du projet. C’est en outre au même moment que les équipes de développement peuvent s’assurer de la disponibilité du client. Celui-ci doit toujours pouvoir participer activement au projet, par l’édiction de user stories et en répondant aux sollicitations. C’est la condition pour que le livrable soit construit au plus près de ses besoins.
C’est aussi durant les étapes de planification que les outils nécessaires à la poursuite du projet sont mis en place : logiciels de gestion collaboratifs, tableaux Kanban, etc.
Des outils de planning en ligne peuvent vous aider à réaliser cette planification plus facilement.
2- La gestion
Dans la méthode XP, l’optimisation de l’environnement de travail est tenue pour facteur essentiel de succès. Les partisans de l’XP recommandent ainsi aux équipes de travailler dans une seule et unique pièce pour maximiser le potentiel de la collaboration. Il est vrai que suivant les entreprises, ce conseil n’est cependant pas toujours applicable. Si vous travaillez à distance, vous pouvez toutefois utiliser une plateforme collaborative de gestion de projet, qui permet les échanges de fichiers et les discussions en temps réel.
Par ailleurs, des réunions quotidiennes tenues debout doivent être organisées tout au long du projet. Elles permettent de renforcer la communication et les échanges réguliers au sein de l’équipe. Il est en outre suggéré, en eXtreme Programming, de suivre des cycles de développements imbriqués à échelles hebdomadaire et trimestrielle. À échelle trimestrielle, l’équipe réexamine l’ensemble des récits d’utilisateurs pour ajuster son travail. Elle évalue aussi la qualité de ses processus et identifie leurs éventuelles faiblesses ou possibilités d’amélioration. À échelle hebdomadaire, chaque cycle débute avec une nouvelle consultation client. De cette consultation, il découle la nouvelle user story sur laquelle travailler pendant la semaine à venir.
3- Le codage
Comme évoqué plus haut, la mise en place d’une collaboration continue avec le client tout au long du développement est une caractéristique essentielle de l’eXtreme Programming. Cette approche permet de tester et d’intégrer ses feedbacks en continu plutôt que d’attendre le déploiement du livrable.
En outre, le processus de codage est rigoureusement encadré en eXtreme Programming. Par exemple, la programmation paire (c’est à dire en binôme) est vivement encouragée. En eXtreme Programming, deux développeurs doivent ainsi travailler conjointement sur le même poste. L’un rédige le code, quand l’autre, sorte de copilote, analyse et cherche la détection des erreurs en temps réel. Les rôles sont ensuite alternés, à rythme régulier. De la même façon, au fur et à mesure que le code est testé (processus d’intégration continue), un seul et unique binôme doit avoir pour tâche de faire les corrections qui s’imposent. Cette pratique a pour but d’augmenter la cohérence du code rédigé, et de minimiser les risques d’erreur ou de doublon.
Enfin, dans les petites équipes qui travaillent en eXtreme Programming, le principe de propriété collective du code doit être observé. Autrement dit, chaque développeur doit pouvoir accéder à l’intégralité du code, et ce à tout moment. Cette pratique en censée stimuler la prise d’initiative et la responsabilisation de l’ensemble des collaborateurs.
4- La conception
La méthode XP est souvent associée aux cartes CRC (Classe, Responsabilité, Collaborateurs), qui permettent de visualiser les relations et les interactions entre les divers éléments d’un projet. Les cartes CRC recensent les classes, les responsabilités associées à chaque classe et les collaborateurs avec lesquels elle interagit. Ce système permet d’identifier les problèmes potentiels avant qu’ils ne se produisent. Pour qu’il soit pleinement efficace, il est toutefois important de prendre des mesures proactives de prévention des risques. Ainsi, durant le projet, un membre de l’équipe doit être assigné à la recherche d’une solution chaque fois qu’une menace apparaît.
5- L’expérimentation
Enfin, la méthode XP implique la réalisation de tests continus tout au long du processus de développement. Tout le code doit donc être soumis à des tests unitaires avant d’être publié. Si des erreurs sont détectées, des tests supplémentaires doivent aussi être mis en place pour les corriger. La user story sur laquelle l’équipe a travaillé est ensuite converti en un test d’acceptation pour vérifier si le produit répond aux besoins exprimés par le client. Le client examine les résultats de ce dernier test pour s’assurer de la conformité avec ses exigences.
Les 12 pratiques de l’eXtreme Programming ?
1- La planification progressive
Les tâches sont planifiées par petits lots pour permettre une adaptation rapide aux changements. Aussi tôt faites, elles sont livrées pour obtenir des feedbacks aussi fréquemment que possible.
2- Le pair programming
Les développeurs travaillent par binômes, pour favoriser la collaboration et réduire les risques d’erreurs.
3- Le développement itératif
Le développement se fait de manière itérative, en permettant des adaptations à tout moment. Des tests unitaires sont réalisés pour chaque nouvelle fonctionnalité avant son déploiement, de sorte à améliorer la qualité du code et à faciliter les modifications.
4- La conception simple
La simplicité est privilégiée dans la conception du code pour permettre une maintenance aisée.
5- Le refactoring continu
Le code est constamment amélioré pour en maintenir la qualité. Au maximum, l’équipe doit chercher doit à supprimer les répétitions et les doublons pour garder le code simple à lire, et donc simple à remanier si besoin.
6- L’intégration en temps réel
Dès qu’une fonctionnalité est terminée, elle est ajoutée immédiatement au produit final. Cette pratique permet d’éviter les coûts supplémentaires liés à l’intégration de ces fonctionnalités d’un coup, à la fin du projet.
7- L’utilisation de métaphores
Ces dernières devant permettre d’expliquer le projet en cours de la façon la plus simple possible. C’est une habitude qui assure la bonne compréhension des enjeux du projet dans sa globalité à l’ensemble de l’équipe.
8- La standardisation du codage
Pour maximiser la collaboration de l’équipe, il faut que chacun s’entende au préalable sur des termes et des conventions à partager dans la rédaction du code, de sorte à rendre ce dernier facilement lisible et modifiable.
9- La responsabilité partagée du code
Ce dernier doit être à disposition de l’ensemble de l’équipe. Chacun doit pouvoir le lire de sorte à comprendre comment ses propres tâches s’intègrent au projet dans son ensemble. Chacun doit aussi pouvoir proposer des modifications.
10- Le maintien d’un rythme durable de travail
Les concepteurs de l’eXtreme Programming ont considéré que la surcharge de travail est un danger pour le projet à long terme. En effet, des équipes fatiguées travaillent moins bien, risquent davantage de faire des erreurs coûteuses ou de se mettre en arrêt de travail. La planification du projet doit donc rester adaptable et s’adapter à une quantité d’heures déterminée par semaine. Pas l’inverse.
11- Présence du client sur site
Dans la mesure du possible, il souhaitable que le client soit représenté par au moins une personne au sein de l’équipe. Cela permet à cette dernière de garder une vision complète de ses attentes.
12- L’usage de « planning poker »
Cette approche sous-tend que la planification de chaque nouveau cycle de développement est effectuée en collaboration directe avec le client, qui exprime les fonctionnalités qu’il désire voir intégrées au livrable. L’équipe évalue en conséquent le temps nécessaire pour les mettre en œuvre et hiérarchise les différentes tâches. Les planning poker ont généralement lieu une fois par semaine.