Inscrit dans une approche de management horizontal, l’empowerment fait référence à un mode d’organisation du travail centré sur l’humain. Il encourage à la fois le leadership, la collaboration et l’intelligence collective. Dans le monde de l’entreprise en constante évolution, l’empowerment est devenu une valeur fondamentale pour favoriser la croissance et le succès organisationnel. En donnant aux individus les moyens d’agir, le management horizontal renforce leur responsabilité et leur autonomie, valorisant ainsi un leadership basé sur la confiance et la collaboration.
Qu’est-ce que l’empowerment ou l’« automatisation » ? Quels sont les avantages de cette approche managériale ? Et comment le mettre en œuvre ? Nous faisons le point.
Sommaire
Empowerment : définition
L’origine du concept d’« autonomisation »
Il n’existe pas réellement d’équivalent français au terme d’empowerment. Il peut cependant se traduire par « empouvoirement », « automatisation », « empuissancement » ou « capacitation ». Ce concept désigne un processus d’émancipation qui consiste à donner le pouvoir à un groupe ou à un individu. Celui-ci est alors en mesure d’agir face aux événements auxquels il est confronté.
Dans le domaine du management, l’empowerment fait référence à une technique d’organisation du travail. Cette vision place les employés au centre de l’entreprise en leur accordant plus d’autonomie et de pouvoir. Cette approche managériale a pour but de redonner du sens au travail des salariés et de favoriser de cette façon de bonnes conditions de travail. De même, elle revalorise la place des femmes au sein de l’entreprise.
Le concept d’automatisation a vu le jour au milieu du XXe siècle aux États-Unis. Il s’est développé dans les années 50 dans le contexte du Civil Rights Movement. Ce mouvement social mené par Martin Luther King s’est développé afin de lutter pour l’égalité des droits civiques des Afro-Américains. Le principe d’empowerment est alors assimilé au développement social destiné à vaincre la pauvreté et les inégalités au profit d’un empouvoirement collectif ou individuel. À l’origine, son objectif est donc l’émancipation des groupes et des individus.
Le management d’empowerment fait son entrée dans les entreprises françaises dans le courant des années 90. Le monde entrepreneurial reposait alors encore essentiellement sur un management centré sur la productivité des employés et peu ouvert à l’expérimentation. Cette approche admettait une organisation « top-down », c’est-à-dire orientée du haut vers le bas. L’empowerment implique d’adopter un modèle « bottom-up » (du bas vers le haut). Aujourd’hui, cette vision est valorisée, car pour rester compétitive, une entreprise doit faire de la place à l’adaptabilité, la réactivité et à l’innovation.
Les 3 critères de l’empowerment en entreprise
1). La vision d’entreprise
Une vision d’entreprise commune permet à tous les salariés de partager des ambitions et des valeurs et, ainsi, de maintenir des objectifs communs. Il est important que les différents collaborateurs aient connaissance de cette vision et la partagent dans le but d’accélérer et de clarifier les prises de décision. Cela permet également à chacun d’avancer vers un objectif commun et de développer un sentiment d’appartenance. En somme, une vision d’entreprise bien claire et définie augmente l’efficacité et la motivation des collaborateurs.
Définir une vision d’entreprise claire consiste à :
- inclure les employés dans son développement : ils seront d’autant plus engagés pour l’entreprise et enrichiront cette vision de leur perception du métier ;
- définir une vision à moyen terme (2 à 5 ans) : elle pourra alors être régulièrement peaufinée et modifiée ;
- trouver le juste équilibre entre une vision réaliste et optimiste : pour être motivante, une vision d’entreprise doit être atteignable ;
- adapter la vision à la mission et aux valeurs de l’entreprise ;
- déterminer seulement un petit nombre objectifs SMART à la fois (Spécifiques, Mesurables, Acceptables, Réalistes et Temporellement définis).
À voir aussi : Le marketing digital est-il devenu indispensable aux entreprises ?
2). L’autonomie
L’organisation au travail a longtemps été basée sur des process complexes et détaillés, censés améliorer la productivité. Cette vision a tendance à restreindre la prise de décision et l’autonomie des salariés. Par ailleurs, cette approche centrée sur la productivité et tolérant très mal l’erreur peut nuire à la santé mentale des employés, ces derniers étant constamment sous pression. L’empowerment remet en question ce type de management et privilégie la création d’espaces d’autonomie pour les collaborateurs. Ces espaces de liberté favorisent en effet la prise de décision et le passage à l’action.
Par ailleurs, accorder de l’autonomie aux salariés contribue à renforcer leur confiance en eux. Cela leur envoie le signal qu’ils ont les compétences, l’intelligence et les aptitudes pour organiser eux-mêmes leur travail afin d’atteindre leurs objectifs. Cette estime de soi renforce l’engagement des collaborateurs envers l’entreprise et le sentiment d’être utile à l’organisation. Donner plus d’autonomie, ne veut pas dire confier plus de travail ou trop de responsabilités. Il est important d’accorder le droit à l’erreur à l’employé et de lui laisser la possibilité d’expérimenter.
3). L’appropriation
Tous les collaborateurs n’ont pas la même capacité de s’approprier l’autonomie que permet l’empowerment. Cela dépend de plusieurs facteurs tels que l’expérience, les compétences, les facultés individuelles ou encore le statut hiérarchique. Il est alors essentiel de s’assurer que les différents collaborateurs s’adaptent à cette nouvelle approche managériale. Ils doivent avoir confiance en leurs propres habiletés et compétences pour innover et réaliser leurs objectifs.
Les méthodes de management doivent ainsi s’adapter :
- définissez précisément les domaines d’action et d’expertise de chaque collaborateur ;
- octroyez à chacun les moyens d’atteindre ses objectifs (formations, matériel, etc.) ;
- accordez le droit à l’erreur et valorisez l’esprit d’initiative ainsi que la prise de risque ;
- apprenez à faire confiance en déléguant une part de votre pouvoir et de vos responsabilités ;
- valorisez les réussites et reconnaissez les efforts ;
- évaluez régulièrement l’efficacité de l’automatisation et adaptez vos actions si nécessaire.
Quels sont les avantages de l’empowerment ?
Les avantages pour les managers
Il peut s’avérer difficile pour un manager de remettre en question son mode de fonctionnement, surtout lorsque cela implique de déléguer plus et de renoncer à une part de pouvoir. L’empouvoirement diffère en effet des méthodes de management traditionnelles qui accordaient un pouvoir conséquent aux managers. Il correspond à une nouvelle organisation du travail orientée vers l’humain et basée sur la pédagogie. Le manager endosse alors un rôle de mentor. Cette fonction peut se révéler très valorisante et permet de se sentir utile.
Les avantages pour les salariés
L’empowerment augmente l’autonomie des salariés. Ils disposent d’une plus grande liberté d’agir et peuvent prendre les décisions qu’ils jugent pertinentes. Faire confiance aux différents collaborateurs indique en effet qu’ils sont aptes à réaliser leurs objectifs en organisant eux-mêmes leur travail. Laisser plus d’autonomie aux collaborateurs contribue ainsi à renforcer leur confiance en eux. Ils se sentent valorisés et sont alors plus épanouis dans leur travail, ce qui vient renforcer leur engagement pour leur entreprise.
En outre, l’empowerment laisse une place importante à l’expérimentation et à la prise de risque et d’initiative, générant ainsi une meilleure adaptation aux changements. Par ailleurs, le droit de faire des erreurs est admis. La crainte des répercussions que ces dernières pourraient entraîner sur leur emploi est alors largement minimisée. Enfin, laisser aux employés plus de libertés permet d’exploiter leur plein potentiel et valorise les aptitudes et les compétences des uns et des autres.
À lire aussi : Management des risques : l’essentiel à savoir (2023)
Les avantages pour l’entreprise
L’empowerment a un impact positif sur les performances des entreprises. C’est ce que montre Éric Albert, psychiatre et coach de dirigeants, dans son livre Partager le pouvoir, C’est possible. Selon l’auteur, cette approche aurait permis à certaines entreprises d’améliorer leur croissance de 20 % sur une période inférieure à six mois.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cet impact favorable :
- Un environnement et des conditions de travail agréables encouragent la rétention des talents. C’est en particulier le cas pour les nouvelles générations dont le besoin d’autonomie et de liberté au travail est particulièrement marqué.
- Un management plus souple et favorisant la prise de décision augmente la réactivité de l’entreprise dans un contexte de marché agile.
- Une vision d’entreprise claire et définie permet de prendre des décisions pertinentes.
- L’engagement et la motivation des salariés sont renforcés.
- Des collaborateurs épanouis au travail diffusent une bonne image de leur entreprise.
- Un bien-être au travail réduit le nombre d’arrêts maladie, d’absences ou de burn-out.
5 conseils pour la mise en place de l’empowerment
1- Déterminer les rôles et les missions
Pour une mise en place efficace de l’empowerment, il est essentiel de commencer par déterminer la mission et les responsabilités qui incombent à chacun. Définir un cadre précis permet d’éviter que plusieurs décisions soient prises sur un même sujet et entrent en conflit. C’est aussi un moyen d’éviter que plusieurs salariés travaillent inutilement sur le même projet.
Ainsi, pour clarifier le cadre de travail, vous pouvez mettre en place certaines actions comme :
- réaliser un bilan des compétences des employés : cela permet de mobiliser tous les talents, tirer avantage d’une compétence nouvelle et éviter de confier une mission à un collaborateur qui n’a pas les compétences requises pour la mener à bien ;
- inclure tous les collaborateurs dans le processus afin que chacun puisse exprimer ses choix et ce qu’il est susceptible d’apporter au projet ;
- veiller à ce que les employés soient à l’aise dans leur nouveau champ d’action.
2- Accorder les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs
Une plus grande autonomie des collaborateurs implique de leur accorder plus de moyens afin qu’ils soient en mesure d’atteindre leurs objectifs. En effet, cette responsabilisation en matière d’organisation et de prise de décision peut nécessiter le recours à certains outils comme un logiciel de gestion de projet. Le collaborateur peut aussi avoir besoin de se former pour développer ou acquérir des compétences indispensables à la réalisation d’une mission et participer à la croissance de l’entreprise. Cette aide au développement des compétences peut passer par :
- de la formation en e-learning ;
- l’organisation de séances de formation par un collaborateur ou un intervenant externe à l’entreprise ;
- l’anticipation d’un nombre d’heures attribuées à la formation sur le temps de travail.
À voir aussi : Gestion de projet.
3- Proposer un système de feedback
Mettre en place un système de feedback est une manière efficace d’obtenir des renseignements précieux. Cela vous permet de récolter des informations métier très utiles, car elles reflètent généralement la réalité du marché. Par ailleurs, faire remonter les informations est indispensable pour s’assurer que les salariés parviennent à s’approprier ce nouveau mode de fonctionnement. Dans le cas contraire, vous serez en mesure d’évaluer leurs besoins et de définir les actions pertinentes pour y répondre. Vous pouvez par exemple :
- proposer un système direct de remontée des informations pour chaque salarié (par mail, chat, etc.) ;
- vous entretenir régulièrement avec le manager (tous les mois, trimestres ou semestres) pour avoir connaissance des besoins et des ressentis.
4- Miser sur une culture d’entreprise de la proactivité
Il n’est pas productif pour une entreprise d’encourager la dévalorisation ou la sanction d’un salarié lorsque celui-ci n’est pas parvenu à atteindre l’objectif fixé. Il est important que ce dernier se sente légitime de démontrer son leadership pour rester proactif et oser prendre des risques. L’innovation et la prise de risque doivent donc être valorisées et encouragées. Certaines habitudes contribuent à favoriser la proactivité chez vos collaborateurs :
- les remercier, les féliciter, voire leur attribuer une récompense quand ils réalisent de bonnes performances ;
- rechercher les raisons pour lesquelles une mission n’a pas donné les résultats attendus et partager vos analyses afin d’en tirer les leçons ;
- faire en sorte que les managers et dirigeants de l’entreprise montrent l’exemple en admettant et analysant leurs propres erreurs. Cette attitude permettra aux salariés de dédramatiser leurs erreurs et d’en tirer les enseignements.
5- Accompagner et prévoir le changement de management
Mettre en place la capacitation entraîne bien souvent de gros changements. Cette nouvelle méthode de travail doit donc faire l’objet d’une préparation et d’un accompagnement. Il est préférable d’anticiper ce changement quelques mois à l’avance. Vous pourrez ainsi éduquer vos collaborateurs à l’empowerment en répondant ces points essentiels :
- De quoi s’agit-il ?
- Quels seront les changements dans l’entreprise ?
- Comment fonctionne cette nouvelle approche ?
- Quels bénéfices les salariés et l’entreprise vont-ils en tirer ?
- Qu’attend-on des employés ?
- Quelles actions vont être mises en place ?
- Etc.
Cet accompagnement est possible grâce à une communication pertinente qui passe notamment par :
- des e-mailings d’information ;
- des réunions de présentation ;
- des séances de questions ou l’installation d’une ligne téléphonique dédiée ;
- des quizz destinés à évaluer les connaissances des salariés sur l’empouvoirement ;
- une FAQ adressée aux différents collaborateurs et régulièrement mise à jour ;
- etc.